L’ergonomie cognitive est la science de l’homme dans le cadre de son travail intellectuel et décisionnel. Elle vise à augmenter la qualité du travail et la satisfaction de la personne par l’adaptation du travail à ce que l’on sait du traitement de l’information par le cerveau humain.
Les entreprises en bénéficient par une organisation du travail individuel et collectif plus efficace, entrainant des économies de coût et une plus grande satisfaction du personnel.
Ces améliorations se font, par exemple, par des bureaux plus adaptés, par des formations plus ciblées, par une meilleure gestion du savoir, par des tableaux de bord plus motivants…
Les gestionnaires de ressources humaines et les managers trouveront ici des lectures dans ces domaines.
Découvrez l’article écrit par le Dr. Patrick M. Georges, Professeur en management, neurochirurgien spécialiste en ergonomie cognitive
Les 3 parties de l’article:
1. Comment décidons-nous et qu’est-ce que l’intelligence et l’aide à la décision?
2. Comment organiser le travail pour aider l’intelligence humaine?
3. Quelles sont les applications pratiques dans les entreprises?
Comment décidons-nous?
Comment savons-nous?
Nous connaissons de mieux en mieux l’intelligence humaine. Les résultats des plus grands laboratoires de neurosciences sont publiés clairement et ouvertement. Les titres de leurs livres sont explicites: comment décidons-nous? Les auteurs sont des neurologues et scientifiques de grande réputation: Read Montague, Steven Pinker, Antonio Damasio.
Leurs travaux progressent grâce à l’imagerie du cerveau au travail, grâce aux dosages biochimiques des neurotransmetteurs et grâce aux expériences plus nombreuses sur l’homme sain, au travail.
L’ergonomie cognitive rassemble tous ces résultats, en tire des hypothèses d’amélioration de l’organisation du travail et teste les bénéfices éventuels de ces nouvelles méthodes avec les cadres et employés des entreprises.
Comment le cerveau traite-t-il l’information?
Voici, fortement vulgarisées et simplifiées, les conclusions des neuroscientifiques. Le cerveau est un ordinateur lent et imprécis mais rendu efficace grâce à ses buts et ses émotions. Il transforme les informations en action en utilisant de nombreux systèmes en chaîne.
Les systèmes de valorisation déterminent nos priorités et nos buts.
Notre cerveau a des buts. Il veut survivre, se nourrir, se reproduire, dominer la situation. Ces buts nous viennent de notre ADN. Nous pouvons donc hiérarchiser ce que nous devons faire selon la situation. D’autres buts nous viendrons plus tard de nos parents, de notre éducation. Puis, nous nous en fabriquerons nous-mêmes.
Pour être certain que nous allons vers ces buts, le cerveau nous donne un sucre pour chaque pas que nous faisons dans le bon sens sous forme d’un jet de dopamine qui nous donne du plaisir.
Les systèmes de résolutions de problèmes décident face aux obstacles à nos buts.
Chaque fois que nous faisons un pas vers nos buts, nous rencontrons des obstacles. Pour les surmonter, le cerveau est doté d’un système de prise de décision, par rationalité ou par émotion ou, entre les deux, par croyances.
S’il a peu de temps pour décider, il décidera de manière émotionnelle, en pariant, en jouant. S’il a un peu plus de temps, il va simuler, imaginer et appliquer ses croyances. Et s’il a beaucoup de temps, il va calculer, consulter et décider rationnellement par algorithmes.
Les systèmes de mémoires nous améliorent par apprentissage, stockage et automatisation.
Pour avancer vers nos buts avec une économie d’énergie et de moyens, le cerveau doit s’améliorer constamment. Il apprend ce qui a été un succès et il l’automatise pour répéter ce comportement plus économiquement la prochaine fois.
Les systèmes de conscience nous adaptent au bon niveau d’énergie pour chaque situation.
Pour préserver son énergie, le cerveau doit être éveillé au bon niveau, celui que demande la situation. Trop endormi, il ne survit pas. Trop excité, et il s’épuise.
Le système de stress lui permet de se mettre en état d’alerte adéquat avec la situation. Pour être bien concentré, il active son système de bouclier qui lui permet de se soustraire mentalement à l’environnement.
Il se prépare à exécuter les décisions. Par expérience, il connaît les plus probables et prépare les mouvements. Si vous ne décider pas assez vite, le système prémoteur imitera ce qu’il voit faire autour de lui.
Les systèmes de senseurs nous permettent de savoir par intégration, congruence et catégorisation.
Le cerveau se crée une scène de la situation pour savoir comment décider. Cette scène est construite par intégration des sens, par contrôle de congruence, est-ce la réalité?, puis par catégorisation, quel type de scène est-ce ? Ceci pour limiter le nombre de choix de réactions et accélérer la décision.
La mémoire de travail, sorte de tableau blanc où le cerveau construit la scène, est au centre de ces systèmes. Elle est de courte durée et n’est là que pour émettre des préjugés, des pré-décisions.
Les systèmes effecteurs exécutent nos décisions.
Nous avons décidé et nous produisons un mouvement ou une nouvelle pensée. Le plus simple est de bouger des muscles, pour agir nous-mêmes.
Ce n’est pas très efficace. Il vaut donc mieux activer nos systèmes de communication et d’empathie qui permettent d’influencer les autres, de leur faire faire ce que nous voulons. Mais le plus efficace reste de créer une nouvelle pensée qui nous permet d’inventer de nouveaux outils.
Qu’est-ce que l’intelligence et l’aide à la décision?
Nous avons décidé. Mais est-ce la bonne décision? Des conclusions scientifiques de la section précédente, voici les hypothèses les plus utiles pour améliorer nos décisions.
Les définitions et les tests d’intelligence.
En ergonomie cognitive, l’intelligence est souvent définie comme la capacité à se fixer des objectifs atteignables, à les garder constamment en vue, en franchissant les obstacles avec un économie de moyens, par une adaptation rapide et constante.
L’intelligence s’évalue alors par la résistance au stress, par la capacité de multi tâche, par la durée d’attention et de mémoire court terme, par la vitesse d’adaptation à une nouvelle situation,…
Les niveaux de traitement d’informations et le stress.
Le stress est ce que nous ressentons quand la quantité d’incertitude dans l’environnement, l’astreinte, dépasse notre résistance à l’incertitude.
Ce niveau de stress nous permet de penser avec une certaine qualité. Si nous sommes stressé, nous activons des règles de l’émotion et de l’intelligence automatique de type ce qui est beau est bon, ce qui est différent est dangereux,…. Si nous sommes moins stressé, nous utilisons nos croyances socioculturelles et nos sentiments. Si nous ne sommes pas stressé, nous utilisons notre raisonnement.
Les aides aux étapes et niveaux de l’intelligence.
Pour aider l’intelligence, nous utilisons les méthodes et les formations à la fixation d’objectifs, au contrôle de notre environnement, à la gestion des ressources, temps et énergie, et les méthodes et formations à la conduite des changements.
Nous pouvons aussi diminuer l’astreinte autour de nous pour augmenter le niveau de qualité de décision. Les principes organisateurs, tels religions, nations, sciences, entreprises,…nous aident à réduire cette incertitude. Les formations à l’organisation du travail sont un complément
Les aides qui compensent les faiblesses et erreurs humaines.
La lenteur du cerveau, nous recevons cinq fois plus d’informations que nous ne pouvons en traiter, peut être compensée par un environnement simplifié, nous envoyant les informations au rythme que nous convient comme dans les romans, les films, les tableaux de bord, les postes de travail,…
Nous sommes de mauvais calculateurs et statisticiens. Les ordinateurs et système experts sont la pour nous aider à compenser cette faiblesse. L’apprentissage des logiciels de productivité personnelle et managériale est une des plus fortes valeurs ajoutées des formations dans les entreprises.
Dr. Patrick M. Georges
Prochainement sur Managerama TV la suite de l’article de Dr. Patrick M. Georges:
« Comment organiser le travail pour aider l’intelligence humaine? »
site officel de Patrick Georges