Dans des périodes de crise, certaines situations peuvent devenir déroutantes. Et les cadres sont les premiers exposés. Pour ne pas craquer à la pression, mieux vaut se tenir prêt. Mais l’entreprise a aussi son rôle à jouer, un climat de travail sain facilite en effet grandement les choses.

Surcharge de travail, manque de compétences (justifié ou non), faiblesse de reconnaissance voire mépris de la part du supérieur hiérarchique, les causes sont légion pour expliquer le stress au bureau. Et comme si cela ne suffisait pas, en cette période de pessimisme économique, d’autres déclencheurs viennent s’y ajouter. Plus immédiats ceux-là: croissance en berne, annonce de restructuration, rumeurs de licenciement. De quoi tituber sur sa chaise. Cependant, ce genre de perturbations peut se (dé)passer sans trop d’encombres, pour autant que chacun tienne ses responsabilités.

Une communication directe et rapide
En Suisse, la loi indique formellement que l’employeur a la responsabilité de la santé de ses collaborateurs. En cela, il doit assurer un bon mode de fonctionnement à son entreprise. Quand survient une crise, une communication efficiente s’avère être la première mesure de soutien. Vincent Blanc, directeur de l’ISMAT Consulting à Villars-sur-Glâne, spécialisé dans l’aide organisationnelle de sociétés, explique que dans ce cas « les dirigeants doivent agir tout de suite et donner des informations pour rassurer, et ce le plus tôt possible. Si les collaborateurs sentent qu’ils sont respectés dans la firme, ils seront d’autant plus motivés à se serrer les coudes. La crise passera mieux que s’ils sont dans le flou. » Alain Gendre, Head Human Ressource de Nagra, rapporte qu’au premier trimestre 2008, suite à l’annonce de mauvais résultats, André Kudelski a su donner une information complète et expliquer la situation au bon moment. Avant que le malaise ne se niche.
Communiquer immédiatement pour chasser les incertitudes, ou mieux encore, anticiper la crise avant même que le stress ne s’installe: tel est un moyen de négocier au mieux une situation critique. Ceci évite aussi que la tension ne se répercute en aval. « Le comportement des cadres, poursuit Vincent Blanc, peut avoir un impact énorme sur le team. Dans l’idéal, ils devraient faire abstraction de leurs problèmes, se focaliser sur leurs tâches et protéger les collaborateurs. Ne pas relayer les inquiétudes au groupe, mais informer. » Une crise bien conduite permet à la société et à ses acteurs d’en sortir gagnants, car au bout du compte, la productivité de la boîte dépend de la sérénité des gens qui y travaillent. Les coachs relèvent par ailleurs, qu’un manque de transparence peut faire fuir les meilleurs éléments, après même que les troubles soient passés.

Instaurer un bon climat social
Les psychologues du travail déplorent régulièrement que le Chief Executive Officer ne donne pas toujours au facteur humain toute son importance. Pourtant, bénéficier d’une ambiance favorable, où les différents échelons hiérarchiques se parlent, c’est l’assurance pour les managers de pouvoir agir rapidement et de donner des réponses claires dans les moments pénibles. Vincent Blanc est régulièrement consulté par les entreprises lors de restructuration. Il souligne que « quand celles-ci ont investi dans le climat social, les changements se passent mieux. Le taux d’absentéisme – qui est un bon indicateur du climat social – est ridiculement faible. Là, on observe que les managers sont respectueux. Les collaborateurs disent de lui « il a toujours du temps pour nous. »

Réagir comme un athlète
Le mode de fonctionnement de l’entreprise peut donc grandement faciliter la manière d’appréhender l’inconnu. Néanmoins, la tension doit bien sûr aussi être gérée par l’individu lui-même. L’analogie entre le cadre et le sportif est souvent utilisée. L’efficacité de l’un et de l’autre augmente quand on sait gérer ses émotions. Alessandro de Vita Zublena, qui a fondé Adzconseil Coaching for Leaders à Lausanne en 1997, en parle ainsi: « Au moment de se lancer, l’athlète rentre dans un état de performance qu’il a travaillé à l’entraînement. Le manager fonctionne de la même manière, celui qui souffre de son stress a pris des mauvaises habitudes, il apprend alors à développer de nouveaux comportements pour faire face aux problèmes. »

Prendre le problème au sérieux
Peu de cadres parlent ouvertement des tensions ressenties sur le lieu de travail. Les peurs du jugement des instances supérieures et de ses collègues lient les langues. Pourtant, prendre la parole est un premier pas vers le contrôle du stress. Différentes possibilités existent pour apprendre à le gérer. D’une manière générale, trouver un équilibre entre les objectifs professionnels, la santé et la vie sociale et familiale aide à prendre du recul sur les évènements. Il y a aussi la possibilité de faire appel à un coach. Cette initiative devient d’ailleurs de plus en plus commune. Le tout est de prendre cette question au sérieux, ne pas la remettre à plus tard, surtout lorsqu’elle s’étend à plus long terme. Dans ce cas, un stress mal considéré peut engendrer des conséquences douloureuses, telles que la dépression ou le burnout, classés d’ores et déjà comme les maladies du siècle.

Yann Emery/TLC-ATC.com

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